L'égalité territoriale n'est pas dépassée
Réponse à Philippe Estèbe
Le court terme hurlant ne peut occulter le long terme silencieux.
Edgar Pisani
Les temps changent...
Dans Libération du 8 mai 2015 (http://www.liberation.fr/politiques/2015/05/08/les-grandes-villes-sont-en-train-de-prendre-le-pouvoir-sur-le-territoire_1299734), Philippe Estebe directeur de l'IHAEDATE validait la suprématie des métropoles, l'inégalité des territoires et la fin du modèle français...
C'est son droit ! Dont acte !
Le Branding, le marketing territorial et la compétition auraient donc eu raison du triptyque républicain...et de nos rêves.
Le modèle français avec ses communes, échelons de base de la démocratie et socles d'une démocratie chaude et l'Etat garant des grands équilibres aurait succombés sous le coup de boutoirs de la mondialisation, des réseaux et des mobilités.
Exit l'aménagement du territoire de grand papa, vision spatiale de la République !
Exit cette belle vision : "recherche d'une meilleure répartition des hommes, des activités et des richesses pour le bien-être des habitants".
Adieu le long terme.
Bonjour l'émotion et la précipitation.
Nous voilà condamnés au court terme et à la proximité.
Pour ma part, je reste persuadé qu'il ne faut pas confondre le constat de déséquilibre et la vision politique. L'un ne doit pas se substituer à l'autre.
S'il faut vraiment faire le deuil de l'aménagement du territoire et lui préférer quelques "solidarités horizontales entre communes"...alors à quoi sert encore l'Institut des Hautes études d’aménagement des territoires en Europe ?
Quid d'un intérêt général localisé dans un pays où l'Etat assurait ce rôle ?
Pourquoi renoncer à l'aménagement du territoire avec une échelle suffisante pour l'arbitrage, une vision et des moyens pour une République des petits compromis territoriaux.
Penser c'est dire non !
Ne validons pas les déséquilibres et les disparités entre citoyens.
Ne laissons pas "ringardiser" la République et ses territoires.
Ne fabriquons pas de l'insécurité territoriale dans une République à la carte.
Les petits arrangements, agencements, ruses et bricolages locaux ne peuvent faire office de stratégie territoriale. Le développement local ne remplacera pas l'aménagement du territoire.
Trop de distance et trop de proximité nuisent.
Luc Gwiazdzinski